Un argus pour modèles réduits

Modéliste depuis une vingtaine d’année, on ne peut pas dire que je sois un vrai de vrai. Je n’ai que rarement trouvé la patience de construire. Néanmoins, je trouve un plaisir énorme à faire virevolter un avion, à peaufiner une approche, à améliorer ma voltige,…. Bref j’aime piloter, j’aime moins construire.
Il est fort probable que si j’étais retraité avec un bel atelier bien équipé et tout le temps dont on puisse rêver il en serait tout autrement. Mais voilà, ma situation familiale et le boulot ne sont pas (pour l’instant) compatibles avec de longues heures reclus dans un atelier (que je n’ai pas d’ailleurs).
Alors, bien évidemment, dans ma situation on se tourne bien vite vers les modèles pré-construits à 90% ou encore mieux vers un modèle d’occasion déjà monté, déjà équipé et déjà réglé. Si en plus ce modèle est à la moitié du prix du neuf, que demander de plus ? Rien, c’est le bonheur. Voilà des années que je vols avec des machines de seconde main et ça risque de continuer encore un peu.
Cela dit, une réflexion me chipote l’esprit depuis longtemps: pourquoi ces modèles tout équipés qui ont demandé des heures de travail à son premier propriétaire vaudraient moins que l’addition des composants utilisés.
J’en vois déjà ruer dans les brancards. « Et l’usure, t’en fais quoi de l’usure ?!». Bien entendu ! Le servo de dérive d’un multi qui a passé 3 saisons à faire du vol tranche n’a peut-être que 3 ans mais mériterait bien un nouveau jeu de pignons. Un OS 91 qui a sucé 50 litres de fuel à 10% de nitro et sans after run ne vaut plus ses 250 euro.
Bien entendu, pour le même prix, je préfère acheter du neuf. Il faut donc, si l’on veut vendre sont matériel, octroyer une remise en fonction de l’usure.
Mais par ailleurs, ces heures de construction et de réglage n’ont –elles pas une valeur ? Pour moi oui et pour beaucoup, j’en suis certain, également.
Seulement aucun acheteur, irait, de son plein gré, dire, « tiens je te donne 35 euro en plus pour tes heures de travail ». C’est un sujet un peu tabou et une qualité que le vendeur a du mal à faire valoir (j’en ai moi aussi profité).
Bien sur je ne parle pas de modèles ready to fly dont l’assemblage foireux demanderait plus de temps à corriger que d’assembler un nouveau, non, je parle de ces modèles soignés qui ont été réalisés dans un esprit de perfectionnement et où les détails font qu’ils volent mieux ou qu’ils sont plus beaux ou les deux.
Je ne prétend pas qu’un maquettiste aurait beaucoup de succès en demandant 5 euro / heures pour un modèle qui compte 2.000 heures de travail (à moins que ce soit son métier et non un hobby).
En conclusion, ce n’est pas un article bien pensant tel que celui-ci qui fera changer les mentalités et qui permettra de vendre plus cher un beau modèle mais il semble évident que ces détails et les efforts qu’ils ont demandés au constructeur méritent si pas quelques euros en plus, au moins un regard admiratif.

A quand un argus du modèle réduit ?

Thomas Grosjean